Publié le 15 juillet 2021

Les escapades de Jean-Pierre - Lucéram

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L’EGLISE SAINTE MARGUERITE DE LUCERAM

Le vieux village médiéval de Lucéram avec ses nombreuses rues étroites en escalier est bâti à 650 mètres d’altitude sur un piton rocheux à 25km de Nice. Sa construction date du XIIIème siècle. Il se situe au carrefour de la route du sel  qui était emprunté par des mules qui permettaient les échanges commerciaux des marchands de sel, ce précieux produit étant difficile à trouver dans les régions loin de la mer.

Ce sel, destiné à alimenter la Savoie et le Piémont, arrivait par mer au seul port que possédait le souverain de Savoie sur la Méditerranée, la hanse des Ponchettes à Nice, puis au port Lympia. Il permit d’assurer une certaine aisance à la cité avec les droits prélevés sur les caravaniers.

L’ordre de Malte y fonda une Commanderie en 1639 dont les traces sont encore visibles avec la présence de la croix de Malte sur certains édifices et dans l’Église Sainte Marguerite.

Au sommet du village on peut découvrir la tour fortifiée haute de 15m avec ses remparts destinés à défendre les villageois et rarissime en France car « ouverte à la gorge » et qui date de 1395.

Lucéram dispose de nombreux édifices religieux. Dans le village, la Chapelle Saint Jean, l’Église Sainte Marguerite, et à l’extérieur cinq autres chapelles qui ont été érigées.

L’Église Sainte Marguerite est très ancienne, sa construction débuta en 1487 pour s’achever 36 années plus tard. De récentes découvertes montrent qu’elle a été construite dans les anciennes structures du chateau du XIIIème siècle des Comtes d’Anjou.

Elle fut consacrée le 20 juillet 1525. De style gothique à l’origine, elle a été « baroquisée » comme de très nombreux édifices religieux dans la région à la fin du XVIIIème siècle avec des stucs plaqués sur les murs ce qui a entrainé un profond remaniement de tout l’intérieur de l’Église.

Il doit être souligné que très peu d’édifices religieux de la région disposent d’une telle richesse artistique avec, à l’origine, neuf retables, dont plusieurs attribués à Louis Brea et à Giovanni Canavesio. Ce dernier qui était aussi prêtre, a produit de nombreuses fresques dans la région de Nice. Il exerça simultanément son ministère de prêtre et de peintre à Albenga entre 1472 et 1477, puis à Nice à partir de 1480 dont une rue porte son nom. C’est à lui que l’on doit l’essentiel des fresques de la Chapelle Notre-Dame des Fontaines de la Brigue.

L’Église a été dédiée à Sainte Marguerite d’Antioche, vierge martyre du IVème siècle et fêtée le 20 juillet. La légende dit que Marguerite alors jeune bergère fit la rencontre du gouverneur romain Olybrius dont elle repoussa les avances. Elle fut alors flagellée et refusa d’abjurer sa foi dans la religion catholique. Elle subit un nouveau supplice en étant plongée dans un chaudron d’huile bouillante auquel n’échappent que peu de martyrs. Son supplice continua en étant enfermée dans les geôles du palais où elle dû affronter un dragon. A l’aide de la croix qu’elle tenait entre ses mains, elle transperça miraculeusement le ventre du dragon qui l’avait avalée. Son martyre se poursuivit et elle mourût décapitée.

Elle est souvent représentée avec un dragon à ses pieds c’est ainsi qu’elle est dite « issant du dragon ».  Sainte Marguerite a été choisie comme protectrice des femmes enceintes. Elle est apparue à Jeanne d’Arc avec deux autres saints, Michel Archange et Catherine d’Alexandrie, pour bouter les anglais hors de France.

En 1996, à l’occasion de travaux de restauration, ont été mis à jour de splendides peintures murales peintes sur un arc de voute, datées de la fin du XVème siècle dans un état exceptionnel de conservation et possiblement attribuées à Giovanni Baleison et Canavesio. Cet arc ouvrait sur une chapelle disparue, probablement bâtie au XVème siècle lors de la réutilisation comme église du château des Comtes d’Anjou.

L’importance de cette découverte a conduit la municipalité de Lucéram à transformer le presbytère accolé à l’église en Centre d’Interprétation du Patrimoine. Grâce au dynamisme de Christiane Ricort, premier adjoint du Maire et à l’initiative entre autres de l’association Maison Pays de Lucéram. Il est désormais possible de découvrir toute la richesse artistique de cette église à l’aide d’un audio-guide.  Celui-ci vous expliquera la signification des peintures des retables et du trésor d’orfèvreries religieuses qui y est présenté, un des plus importants de France, avec plus de 40 pièces. Il comprend une Sainte Marguerite « issant du dragon ».

Situé derrière le maître-autel, la pièce maîtresse est le retable de Sainte Marguerite attribué à Louis Bréa et peint vers 1498. Il ne comporte plus aujourd'hui que 10 compartiments sur les 20 d’origine.

Probablement peint par Giovanni Canavesio vers 1492, le retable de Saint Antoine de Padoue comporte huit panneaux, celui de Saint Bernard de Menthon, peint vers 1490 par son atelier présente 6 panneaux sur les 8 qui le composaient à l’origine.

Enfin, le retable de Saint Pierre et Saint Paul dont il ne reste plus que les deux panneaux centraux est attribué à Louis Bréa vers 1508.

Vous pourrez également découvrir dans le village le musée des Vieux Outils et de l’Histoire locale abrité dans l’ancienne chapelle Saint Jean juste à côté de l’église, qui vous présentera une exposition d’outils anciens utilisés par les villageois et classés par thèmes, et le musée de la Crèche unique dans la région où sont exposées plus de cent cinquante œuvres dont certaines sont animées ainsi qu’une collection de crèches du monde.

Enfin, comment ne pas parler de Lucéram sans évoquer son célèbre Circuit des Crèches, connu dans le monde entier, et qui attire chaque année des milliers de visiteurs pour découvrir les quelques 450 crèches exposées. Ce circuit existe grâce à Christiane Ricort, premier adjoint au Maire, véritable passionnée, et qui a su fédérer autour d’elle toute une équipe de bénévoles. Je tiens chaleureusement à la remercier pour l’aide qu’elle m’a apportée dans la rédaction de cette chronique.

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