Décret archiépiscopal du 5 juin 2022 - Directoire diocésain pour la célébration des funérailles
Publié le 13 juin 2022

Décret archiépiscopal du 5 juin 2022 - Directoire diocésain pour la célébration des funérailles

Décret archiépiscopal du 5 juin 2022

DIRECTOIRE DIOCÉSAIN
POUR LA CÉLÉBRATION DES FUNÉRAILLES


D’importantes évolutions se manifestent aujourd’hui dans la manière dont notre société appréhende la mort, le deuil et les rites funéraires.

La mort apparaît souvent comme un échec. Renvoyée dans la sphère du privé, elle est de plus en plus occultée. Le deuil apparaît de moins en moins comme un événement social. Les conduites de deuil et leurs portées sociales, permettant aux familles d’intégrer la disparition de leur proche, sont moins soutenues et peu encouragées. Au cours d’un deuil, il est devenu difficile de dire et de recevoir une parole de sympathie et encore moins d’espérance. Ces éléments de privatisation rendent la mort encore plus difficile à supporter et déportent la ritualisation dans de multiples directions.
Dès lors, la mort devient également « individualisée », et conduit à l’expression de demandes spécifiques, parfois très éloignées de nos pratiques rituelles. Aux rituels religieux est fréquemment préféré un « dernier hommage », parfois très développé.

Aussi, il nous faut prendre en compte ces évolutions qui comportent des enjeux majeurs et nous interrogent sur les décisions à prendre et les conduites à tenir.

Tout d’abord il est fondamental de ne pas oublier la dimension première de la fonction de l’Église pour les morts : la prière pour l’âme du défunt, qui, avec l’ensevelissement des morts, est une des oeuvres de miséricorde spirituelle. Cette dimension de foi est souvent absente dans l’esprit de nos contemporains, même initialement catéchisés, marqués par une incertitude massive, sur l’au-delà, la notion de salut, la foi en la résurrection des morts et en la vie éternelle.

« C’est le mystère pascal du Christ que l’Église célèbre avec foi, dans les funérailles de ses enfants. Ils sont devenus, par le baptême, membres du Christ mort et ressuscité. On prie pour qu’ils passent avec le Christ de la mort à la vie, qu’ils soient purifiés dans leur âme et rejoignent au ciel tous les saints, dans l’attente de la résurrection des morts et la bienheureuse espérance de l’avènement du Christ [...]
Pour cela l’Église offre pour les défunts le sacrifice eucharistique, accorde ses prières et ses suffrages… elle obtient pour les uns un secours spirituel en offrant aux autres la consolation de l’espérance »
(Missel des défunts – Notes doctrinales et pastorales).

Si un dépassement de l’horizon purement humain n’est pas clairement exprimé comme première manifestation de notre sollicitude pour les défunts, l’accompagnement des familles en deuil par l’Église perd son sens. « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu » (1 Co 15,14).

La prière explicite pour l’âme du défunt est bien la première préoccupation qui doit guider notre charité pastorale envers les familles en deuil. C’est la première oeuvre de miséricorde que nous devons exercer, surtout si nous sommes les seuls à pouvoir le faire.

De cette sollicitude explicite, découle l’efficacité de notre dialogue avec les familles en deuil, au service de la dignité humaine et de l’évangélisation, qui pourra permettre à des personnes affrontées à la mort d’assumer leur souffrance et de trouver des raisons d’espérer.

Nous devons donc veiller à préserver le service spécifique de l’Église au milieu de ces multiples courants et de pratiques multiformes. C’est pourquoi, il est nécessaire de rappeler des pratiques communes nécessaires à la cohérence qu’exige l’exiguïté du territoire de notre diocèse. Elles aideront également les pasteurs à répondre aux différentes demandes qui pourraient surgir dans la pastorale des funérailles.

Les défunts pour qui célébrer des obsèques religieuses

  • Les obsèques religieuses dans l’Église catholique sont réservées à toutes personnes ayant reçu le sacrement du baptême.

La sécularisation de notre société a pour conséquence une baisse du nombre des fidèles baptisés au sein de la population. Nous ne sommes plus à une époque où « tout le monde » était catholique. Aussi il peut arriver que lorsque l’on doit célébrer des obsèques demandées par une famille, il y ait un doute sur le fait que le défunt ait été baptisé.
S’il y a un doute sur le baptême, il convient d’insister pour s’en assurer. Lorsque la probabilité est plus grande pour que le défunt ne soit pas baptisé – ou s’il est assuré qu’il ne le soit pas, mais qu’il y a une attente spirituelle forte de la famille – , il conviendra de consulter l’Ordinaire du lieu, pour s’entendre sur la réponse à apporter.

Toutes les personnes baptisées dans l’Église catholique ont droit aux funérailles ecclésiastiques, sans considération de la foi - qu’aucun homme ne peut juger -, sauf dans le cas où la personne baptisée a publiquement rejeté la foi catholique, a choisi l’incinération pour des raisons contraire à la foi chrétienne, ou se trouve dans une situation de péché manifeste et pour laquelle ces funérailles provoqueraient un scandale public des fidèles. Si quelque doute surgit, l’Ordinaire du lieu, au jugement duquel il faudra s’en tenir, sera consulté (Can. 1184).

  • En ce qui concerne les funérailles, les catéchumènes sont à considérer comme des fidèles.

  • L’Ordinaire du lieu peut permettre d’accorder les funérailles ecclésiastiques aux petits enfants que leurs parents avaient l’intention de faire baptiser mais qui sont morts avant le baptême.

  • Selon le jugement prudent de l’Ordinaire du lieu, les funérailles ecclésiastiques peuvent être accordées à des baptisés appartenant à une Église ou une communauté ecclésiale non catholique, à moins que leur volonté contraire ne soit manifeste et à condition que leur propre ministre ne puisse pas être disponible (Can. 1183).

  • Il est possible de faire des funérailles religieuses sans la présence du corps du défunt (corps disparu ou donné à la science). La célébration a lieu normalement, mais en l’absence du corps du défunt ; elle ne comporte ni aspersion, ni encensement, lors du rite du dernier adieu.

La collaboration avec les Pompes Funèbres

  • La Somotha assure habituellement le lien avec les familles, mais celles-ci peuvent toujours prendre contact directement avec leur paroisse.

    Quand cela est possible, il convient que la préparation de la célébration puisse impliquer plusieurs membres de la famille du défunt lors d’une rencontre avec le célébrant.

  • La Somotha contacte la paroisse dont dépendait le défunt pour convenir de la date et de l’heure de la célébration des funérailles (que celle-ci ait lieu à l’église paroissiale ou à la chapelle du cimetière).

    La date et l’heure de la célébration peuvent être soumises à de nombreuses contraintes, tant pour la famille, que pour la paroisse et pour la Somotha. Il convient donc de se concerter le plus rapidement possible avant de fixer définitivement date et heure et répondre ainsi à l’attente des familles.

    Si aucun prêtre ou diacre de la paroisse ne peut assurer la célébration il revient au clergé de la paroisse sollicitée de trouver un célébrant et d’informer la Somotha du nom du prêtre ou du diacre qui assurera la célébration, et ce dans les meilleurs délais.

  • Pour les défunts domiciliés hors de la Principauté, et pour lesquels la célébration des funérailles a lieu à la chapelle du cimetière, la paroisse Saint-Martin sera sollicitée. Pour les défunts de la paroisse du Saint-Esprit (diocèse de Nice), le clergé paroissial assurera la célébration dans la mesure du possible.

  • En terme de frais, le coût de la célébration religieuse ne doit jamais être un obstacle pour les familles. En cas de difficulté, la Somotha informera la paroisse concernée.

  • Une offrande indicative de 150 euros est perçue par la Somotha qui les reverse à la paroisse concernée. Cette offrande est à affecter au compte des oeuvres de la paroisse. Au moins un honoraire de messe sera prélevé, soit pour la célébration de la messe des funérailles, soit pour la célébration d’une messe de suffrage, si les funérailles ont été célébrées en dehors de la messe. Une partie de l’offrande pourra aussi être affectée à des oeuvres de charité.

Le lieu de la célébration et des temps de prière

  • Dans les salons de l’athanée, un prêtre, un diacre ou une personne laïque pourra assurer les prières contenues dans le rituel des défunts (prières brèves auprès des défunts, célébrations et veillées, fermeture du cercueil, levée du corps). Si aucune célébration des obsèques n’est prévue, il reviendra au jugement prudent du prêtre ou du diacre sollicité de répondre favorablement à la demande de prières dans les salons, en évaluant sa légitimité. On évitera tout ce qui peut prêter à confusion avec une célébration liturgique (rites et vêtements liturgiques).

  • La célébration des funérailles doit avoir lieu de préférence dans les églises paroissiales, où se rassemble la communauté́ chrétienne pour célébrer la Résurrection de son Seigneur, et qui sont le lieu normal de la célébration des funérailles chrétiennes.

    « Tous ceux qui appartiennent au peuple de Dieu doivent se sentir concernés par la célébration des funérailles. Tous ne le sont pas au même titre et chacun doit y prendre sa part en raison de sa situation ou de son ministère. »
    (Missel des défunts – Notes doctrinales et pastorales)

    La célébration à l’église paroissiale est l’étape essentielle. Elle manifeste plus clairement que c’est toute l’Église qui participe à la prière pour le défunt et à l’accompagnement des familles en deuil.

  • A la chapelle du cimetière, seules les « célébrations en dehors de la messe » sont permises.

  • Après la célébration des funérailles, le célébrant, ou un autre officiant, se rend au cimetière pour bénir la tombe, là où le défunt reposera dans l’attente de la résurrection, parfois avec les membres de sa famille qui l’ont précédé et assurer les prières prévues pour l’inhumation. Si cette présence n’est pas possible sans un grave inconvénient, une personne laïque peut se voir confier la tâche de dire une prière à la tombe.


La célébration des funérailles

  • La célébration des funérailles se fera conformément aux normes prescrites dans les livres liturgiques (Missel Romain et Rituel des Funérailles). Elle est présidée par un prêtre ou un diacre.

    Lors des funérailles chrétiennes, l’Église accueille la personne défunte pour la confier à la miséricorde de Dieu. En même temps, elle accompagne les familles dans l’espérance chrétienne. Il convient de rappeler aux familles concernées le sens de cette démarche. Autrement dit, la célébration ne peut pas répondre à tous les besoins ou désirs des personnes en deuil. En accueillant les familles, l’Église ne peut qu’accomplir sa mission propre d’accompagnement des défunts et de leurs familles en utilisant les prières et les rites qui sont les siens.

    La souplesse introduite par le rituel permettra de trouver les mots justes, appropriés au type d’assemblée, à la vie du défunt, aux circonstances de la mort.
    En cas de demande insistante de personnalisation et d’évocation de souvenirs du défunts, il convient d’expliquer que le temps et le lieu de la célébration et de la prière chrétienne ne sont pas les plus appropriés et d’encourager la famille à reporter ce temps légitime au lieu de l’inhumation.

    Toutefois, si, d’un point de vue pastoral, le célébrant estime devoir concéder une évocation verbale ou musicale, les prescriptions suivantes seront observées :

  • L’évocation verbale (témoignage, poème, texte non biblique…) devra être limitée, tant en nombre des intervenants que dans sa durée (pas au-delà de 5 minutes ou d’une page dactylographiée). Il conviendra pour le célébrant de s’enquérir auparavant de la teneur de ce qui sera exprimé et de s’assurer que cela ne contrevient pas au message de foi et d’espérance que l’Église se doit de transmettre.

    Elle devra avoir lieu immédiatement après l’entrée dans l’église et avant le commencement de la célébration, après avoir invité l’assemblée à s’asseoir. Une fois la célébration liturgique commencée, le rituel se déploiera sans interruption jusqu’à la sortie de l’église. Le temps du dernier adieu doit rester ouvert sur l’espérance et l’avenir qui est en Dieu et ne peut être pas un retour sur la vie passée du défunt.

  • L’évocation musicale ne pourra comprendre de la musique profane, non autorisée à l’intérieur de l’église.

    L’interprétation instrumentale et vocale du répertoire de la musique sacrée (c'està- dire composée pour la Liturgie) et religieuse (c'est-à-dire qui s'inspire du texte des Écritures ou de la liturgie ou qui évoque Dieu ou les saints) est à favoriser, avec le concours de musiciens ou chanteurs.

    L’usage de la retransmission d’un enregistrement - s’il est vraiment nécessaire - se limitera également à ce répertoire. Un choix d’oeuvres pourra être proposé.

    Le chant et la musique liturgiques expriment la foi, nourrissent l'espérance et favorisent la paix. Il conviendra d’expliquer à la famille cette norme liturgique afin qu’elle comprenne au mieux l’incongruité de l'exécution d'une musique qui n'est pas d'inspiration religieuse ou a été composée pour être exécutée dans des contextes profanes précis, qu'elle soit classique ou contemporaine, de haut niveau ou populaire.

    On pourra inviter la famille à reporter éventuellement la diffusion de musique profane au lieu de l’ensevelissement ou de la crémation.

  • La messe des funérailles peut être célébrée tous les jours, sauf aux solennités de précepte, le Jeudi saint, le Triduum pascal et les dimanches de l’Avent, du Carême et de Pâques.

  • La célébration des obsèques en dehors de la messe peut être célébrée tous les jours.

  • La couleur liturgique et du drap mortuaire, si on l’utilise, sera le violet ou le noir. On utilisera la couleur blanche pour les funérailles des enfants défunts avant l’âge de raison (sept ans), même pour ceux qui sont morts avant d’avoir été baptisés.


La crémation

  • L’Église recommande vivement que soit conservée la pieuse coutume d’ensevelir les corps des défunts ; cependant elle n’interdit pas la crémation, à moins que celle-ci n’ait été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne (Can. 1176).

  • Au lieu de la crémation, l’éventuel temps de prière ne doit pas contribuer à la suppression des étapes précédentes de la liturgie des funérailles. Il peut être assuré par un prêtre, un diacre ou une personne laïque.

  • Un temps de prière peut accompagner le dépôt de l’urne cinéraire dans un colombarium ou dans la tombe familiale en en expliquant les raisons et le sens1.

  • Aucun rituel ne peut être accompli sur l’urne ou lors d’une dispersion des cendres.

  • Pour des situations de difficultés majeures, la Congrégation pour le Culte divin a envisagé la possibilité d’une célébration en présence de l’urne cinéraire.

    « Si, exceptionnellement, - par exemple pour faciliter le transport du corps du défunt lorsque la mort est survenue à l’improviste loin de son pays - la célébration liturgique des obsèques est demandée alors que l’incinération a déjà eu lieu, il faut s’en tenir aux indications de l’ordinaire du lieu, dans les cas particuliers. »2

    Une demande d’autorisation sera adressée pour chaque cas à l’Ordinaire du lieu.


1 Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instruction Ad resurgendum cum Christo sur la sépulture des défunts et la conservation des cendres en cas de crémation, 15 août 2016, n° 7 : « Pour éviter tout malentendu de type panthéiste, naturaliste ou nihiliste, la dispersion des cendres dans l’air, sur terre, dans l’eau ou de toute autre manière, n’est pas permise ; il en est de même de la conservation des cendres issues de l’incinération dans des souvenirs, des bijoux ou d’autres objets. En effet, les raisons hygiéniques, sociales ou économiques qui peuvent motiver le choix de l’incinération ne s’appliquent pas à ces procédés. »

2 Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, février 2012.

(Crédit photo : Thibaut Chourré pour diocèse de Monaco)