La Confession en débat
Confession. Secret. Des mots qui ont créé la polémique. Pour y voir plus clair, rencontre avec Mgr Guillaume Paris, Vicaire Général et canoniste.
Ces temps derniers, dans l'actualité française en particulier, on a beaucoup, beaucoup parlé de la confession pour des raisons souvent polémiques. Peut-être qu'on pourrait tout simplement, au départ, se redire : qu'est-ce-que c'est que la confession ?
La confession, c'est un des sept sacrements. C'est le sacrement où je vais recevoir le pardon de Dieu, c'est-à-dire je me mets sous le regard de Dieu. Je fais la vérité dans ma vie et donc je viens demander pardon pour mes péchés. Et ça se passe par l'intermédiaire du prêtre parce que c'est comme ça que Jésus l'a voulu. Le soir de la Résurrection, il dit à ses apôtres : « Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leurs seront pardonnés ; ceux à qui vous les maintiendrez, ils leurs seront maintenus ». Donc, voilà cette demande de pardon auprès de Dieu.
Alors, historiquement, on sait que ça n'a pas toujours été vécu de la même manière. Comment ça s'est passé historiquement ?
Dans les premiers temps de l'Église, la confession a une dimension publique. Je m'accuse devant la communauté. Je vais recevoir une pénitence publique. C'est lié au temps du carême et elle est irrépétible. C'est-à-dire qu'après le baptême, je vais pouvoir demander pardon une fois. Et puis, petit à petit, l’Église approfondit sa compréhension des sacrements et sous l'influence des moines irlandais, la confession va acquérir le caractère privé qu'elle a aujourd'hui.
C'est vers quelle époque ?
Au début du Moyen Âge, on voit cette transition vers une confession plus privée.
Pour autant, dans la confession, alors, qu'est-ce-qu'il y a comme élément concret finalement ? On sait que dans chaque sacrement, Il y a des éléments concrets. Par exemple pour l'eucharistie : il y a besoin de pain et de vin. Dans la confession, quels sont les éléments concrets de la confession ?
Je pense qu'il y a d'abord l'aveu qui est qui est central. Je viens dire quels sont mes péchés. Ensuite, ça sous-entend un regret. Ces péchés, oui, je les ai commis, mais je les regrette. Je prends la résolution de ne pas recommencer. Et il y a la réparation.
Vous pourriez expliquer parce que ça, c'est une notion qu'on a un peu de mal à comprendre….
La réparation, sans doute : si je regrette vraiment quelque chose, j'ai forcément l'envie de réparer. On peut prendre un exemple tout simple. Le petit garçon vient dire : « J'ai piqué un billet de 5 euros dans le portefeuille de maman ». « Si tu regrettes, il faut les rendre, ces sous, alors tu vas les remettre. Tu as été assez malin pour les prendre sans te faire voir. Tu peux peut-être les remettre sans te faire voir ? » La réparation est parfois faisable, parfois non. Ça me fait penser à saint Philippe Néri. On raconte cette histoire. Un jour, il reçoit une pénitente, à Rome, qui vient s'accuser d'avoir dit du mal un peu de tout le monde. Comme pénitence, il lui dit : « Vous allez retourner chez vous, prendre une poule et vous allez revenir jusqu'ici en plumant la poule ». Alors, la pénitente, un peu intriguée, s'exécute. Elle revient, ayant plumée la poule, et là, Philippe Neri lui dit : « Maintenant, vous allez retourner à la maison et ramasser toutes les plumes ». « Mais c'est pas possible ! » « Voyez : vous c’est pareil, les paroles que vous avez proférées, elles se sont envolées, vous ne pouvez pas les rattraper ». Donc la réparation, dans la mesure où elle est faisable ou pas. Et si elle n'est pas faisable, je vais trouver un autre moyen de réparer par la prière, par exemple.
C'est pour ça que souvent, le confesseur donne une pénitence.
Voilà tout à fait.
Et dans la confession, est-ce que c'est au prêtre que je me confesse ? C'est à Dieu ? Comment ça se déroule concrètement ?
Alors là, je ne viens pas rencontrer le prêtre, même si quelque part, le prêtre est présent parce qu'il est l'intermédiaire à travers lequel je vais m'adresser à Dieu. Mais c'est vraiment une rencontre avec Dieu et le prêtre est là uniquement pour être cet intermédiaire. Et d'où le fait que ce dialogue entre le pénitent et le prêtre n'appartient pas au prêtre. On en parlera peut-être en parlant du secret. C'est quelque chose qui se fait sous le regard de Dieu, dans le cœur de Dieu.
Alors oui, on évoque le secret. Il y a eu beaucoup de polémiques ces temps derniers sur cette question-là, notamment en France. Dans le fond, pourquoi est-ce qu'il y a ce secret ?
Ce secret ? Il vient de la nature même du sacrement. Je ne viens pas raconter quelque chose aux prêtres. Les prêtres ont des tas d'occasions d'entendre des confidences de gens. Alors là, je viens voir le prêtre. Dans la confession, ce n'est pas le prêtre que je vais voir, même s'il est là, c'est le Seigneur que je vais rencontrer. Et donc, il y a ce secret qui s'impose : le sceau sacramentel. Et le prêtre ne peut en aucun cas divulguer.
Mais alors, par exemple, si le pénitent lui-même, la personne qui s'est confessée, dit au prêtre : « Je vous autorise à parler de ce que je vous ai dit ». C'est possible ?
Non . Le pénitent ne peut pas délier le prêtre. Il peut, lui, en reparler avec le prêtre s'il a envie d'en parler de son initiative. Mais voilà, le prêtre, lui, est vraiment lié au secret. Ça fait partie de l'essence même du sacrement ; et pas même le pape ne pourrait délier un prêtre de ce secret. Si le pénitent n'avait pas cette confiance, ne savait pas que cette parole reste dans le coeur de Dieu, peut-être que ce serait finalement le silence qui triompherait…