Publié le 20 octobre 2021

Les amours, les ados...


Ils sont venus en conférence à Monaco et nous avons voulu les connaître un peu mieux "Parlez-moi d'amour !", ou comment parler aujourd'hui de sexualité avec les adolescents.


C’est l’histoire d'une jeune fille qui était dans un groupe, dans une école et on sépare les garçons et les filles en général, et du coup, cette jeune fille était donc avec les autres et à un moment donné, elle m'a dit : « Est-ce-que je peux vous voir en entretien individuel ? », ce qui arrive assez fréquemment à « Parlez-moi d'amour ! ». Et elle m'a dit : « Voilà, madame, je voudrais vous remercier pour le regard que vous avez eu sur moi parce qu'en fait, ça fait cinq ans qu'on ne m'a pas regardée comme ça. Et je pense en fait que je ne vais pas du tout bien et je n'ai plus aucun espoir pour moi. Sauf que là, en un mot, je vais vous dire, me dit-elle, je suis la prostituée de la classe, mais je ne veux pas qu'on revienne là-dessus parce que je veux rester dans ce regard que vous avez porté sur moi. Vous ne saviez pas. Et aujourd'hui, je voudrais vous demander de prendre votre agenda et d'écrire mon prénom. Pendant deux mois, vous me regarderez comme ça, de chez vous. Je vous le demande, ça peut me sauver ». J’étais très émue parce qu'en fait, je me disais : « juste un regard peut sauver une personne ».

Notre démarche est de les regarder vraiment profondément, comme de très belles personnes. Je pense qu'il est vraiment important de dissocier les actes des personnes et beaucoup de jeunes aujourd'hui sont un peu perdus, parce qu’ils ne savent pas très bien comment faire, quoi faire, et ils s'enfoncent un peu dans des habitudes qui les rendent ni libres ni heureux. Et du coup, je pense que notre démarche est de les regarder personnellement chacun, (même au milieu d'un groupe, on y arrive) pour essayer de leur dire : « Tu vois, tu as en toi quelque chose d'extraordinaire et d'intact. Dans ton corps, tu peux être abîmé, dans ta sensibilité, tu peux être abîmé, dans ton intelligence aussi ; mais dans ton cœur profond, dans ton intériorité, là, tout est intact. Et du coup, en fait, je crois en toi. Je crois en toi et je crois que tu es capable… qu'est ce que tu as envie de devenir dans cinq ans, dans dix ans ? » Et les jeunes ont besoin de ça.

L'expérience nous a montré qu'en étant à deux et en couple, (vous faites bien d’employer ce terme), cela donnait plus de poids au message de « Parlez-moi d’amour ». Ce n'est pas qu'une question de sensibilité féminine, c'est aussi une responsabilité du couple. C'est une responsabilité aussi des hommes, dont on parle peu en matière d'éducation affective et sexuelle. Et donc, effectivement, à chaque fois que nous intervenons en couple, les gens nous disent que ça fait une différence par rapport à une intervention, seule, de Valérie, par exemple.

Les personnes, de toute façon, iront toujours deux par deux. Deux animateurs, deux animatrices, un animateur, une animatrice, un couple. Peu importe, mais on n’y va jamais seul. Il est important pour toutes les personnes de «  Parlez-moi d'amour ! » de se former auprès des jeunes en permanence. Une personne qui n'est pas intervenue au bout de six mois, elle est obsolète…

Elle risque d'être dépassé rapidement…

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