Les escapades de Jean-Pierre / La collégiale Saint-Martin de La Brigue

Petite balade dans la vallée de la Roya avec Jean-Pierre qui nous fait visiter la collégiale Saint-Martin dans le petit village médiéval de La Brigue.

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La Collégiale Saint-Martin est située dans le petite village médiéval de la Brigue. Le village est bâti dans la Haute Vallée de la Roya dans le département des Alpes Maritimes au confluent de deux rivières, la Lévenza et le Rio Secco d’où proviennent les galets dont les rues sont pavées.

Entre le XIVe et le XVIe siècle la Brigue était un carrefour important entre les trois voies muletières des vallées de la Roya, du Tanaro, et de la Nervia. A la fin du Moyen-Âge c’est un axe commercial qui permet de relier les littoraux français et italiens. Française jusqu'en 1860, puis italienne, la Brigue a ensuite été à nouveau française après la seconde guerre mondiale. Le village est un ancien fief de la famille des Lascaris de Vintimille qui bâtirent le château imposant des Lascaris pour protéger le territoire et construit entre 1376 et 1379. Il est aujourd'hui un monument historique et culturel important de la région.

La Brigue est le village du comté de Nice qui réunit la plus belle collection de linteaux armoriés créés entre le XVème siècle et aujourd’hui. Réalisés en schiste noir de la carrière de Réaldo ils sont chargés de symboles philosophiques et religieux et associés aux armes des riches familles d’alors.

Un important patrimoine architectural et religieux s’y trouve concentré. Outre la Collégiale Saint Martin et le Château des Lascaris dont seule sa tour est encore debout, un peu à l’écart du village se trouve la Chapelle Notre Dame des Fontaines appelée la Chapelle Sixtine des Alpes-Maritimes avec ses fresques extraordinaires, le pont du Coq qui est un pont génois du XVe siècle, la Chapelle Saint-Michel, les Chapelles de style baroque des pénitents blancs avec celle de l’Assomption qui abrite un des derniers orgues portatifs de France et celle de l’Annonciation datant du XVIIIe siècle transformée en petit musée d’art religieux où vous pourrez admirer des ex-voto et des objets liturgiques. Ces deux Chapelles sont actuellement en cours de restauration avec l’aide de la Fondation du Patrimoine.

La Collégiale Saint-Martin est située à l'entrée du village. Elle fut construite au début du XIIIème siècle et totalement reconstruite entre 1484 et 1509 selon l'architecture ligure de la fin du Moyen-Âge comme l'atteste son magnifique clocher. Elle a été ouverte au culte le 1er août 1501 comme le montre le linteau du portail principal. Un premier édifice aurait été construit à cet emplacement début du XIIIème siècle et achevé en 1234. Le linteau du portail latéral daté de 1234 en proviendrait.

Sur la façade, une fresque représente saint Martin, évêque de Tours en train de couper en deux son manteau pour en donner la moitié à un pauvre.

C’est un édifice de style roman-gothique avec des interventions réalisées à des époques différentes. Il est classé au titre des monuments historiques le 3 mars 1949. Le clocher est de style gothique de la fin du XIIIe siècle.

Son portail principal date du 11 mars 1576 et porte l’inscription « À Dieu et au chef de l'Église nous qui ne sommes rien ici-bas offrons nos dons et notre reconnaissance éternelle. Ne pas avoir la présence de Dieu équivaut à ne rien posséder sur la terre. »

La Collégiale présente un intérieur à trois nefs, avec des structures architecturales médiévales qui ont été remaniées au fil du temps. Elle est construite suivant un plan basilical avec sa nef centrale à trois travées, soit six travées pour les bas-côtés. L'architecture intérieure est une combinaison des styles gothique, renaissance et classique.  Le chœur, d’architecture baroque niçoise, ne possède aucun élément de style gothique.

De nombreux autels ornent les deux côtés de l'église ; ils sont dus aux grandes familles locales comme les Lantéri qui édifièrent en 1490 l'autel Sainte Marie Madeleine et Sainte Marthe, la famille Spinélli, l'autel de Saint Erasme ou l'autel de la Nativité, où se trouve un tableau de Bréa, qui appartient à la famille Alberti.

Au fond de l'église se trouve l’orgue des frères Lingiardi facteurs d’orgue à Pavie, commandé en 1847 livré en 1849 et classé monument historique en 1971.

A l’intérieur de la Collégiale vous pourrez découvrir de nombreuses peintures de l'école des peintres primitifs niçoisavec six retables. Le retable de la Crucifixion daté autour de 1510, le Triptyque de sainte Marthe daté autour de 1530, le retable du martyre de saint Érasme daté autour de 1515, le  Retable de la Nativité, attribué à Louis Bréa et peint vers 1514, le retable de l'Assomption, vestige d'un polyptyque, attribué parfois à François Bréa et daté de 1540, un Triptyque de Notre-Dame-des-Neiges réalisé en 1507 par Sébastien Fuseri.

Une fois achevées la visite de la Collégiale et des Chapelles des Pénitents, vous pourrez découvrir le très riche Musée du Patrimoine et des Traditions Brigasques qui offre un témoignage sur la vie quotidienne d'autrefois avec la présentation des activités traditionnelles locales comme l‘apiculture, l’agriculture, les activités forestières et vinicoles ainsi que l’élevage de brebis et la fabrication de fromages.

Au dernier étage le Musée des Orgues Historiques retrace la richesse des églises de la vallée de la Roya et de la Bévéra.

Pour terminer, je vous invite à aller visiter le Sanctuaire Notre Dame des Fontaines situé à 4 kilomètres du village. Elle est décorée avec des fresques du XVe siècle et bâtie sur les ruines d’un temple païen. Elle a été bâtie au XIIIème siècle à l’initiative d’Eudoxie Lascaris de Vintimille, comtesse de Tende.

Son aspect extérieur est très banal, en revanche on est saisi une fois la porte d’entrée franchie par la quantité et la qualité des fresques qui recouvrent entièrement l’intérieur de la chapelle et qui lui ont valu d’être appelée la chapelle Sixtine des Alpes-Maritimes. Les peintures du chœur ont été peintes par Giovanni Baleison, mais l’essentiel d’entre elles a été réalisé par Giovanni Canavesio, les fresques représentant la Passion du Christ ainsi que le grand jugement dernier.

Je tiens à remercier Monsieur Jacques Joncour, Délégué départemental adjoint de la Fondation du Patrimoine des Alpes-Maritimes, qui m'accompagne dans mes pérégrinations et m'aide à documenter mes recherches.

Bonne découverte !