Publié le 29 mars 2023

Les escapades de Jean-Pierre / La collégiale Sainte-Marie de Clans

Ce mois-ci Jean-Pierre nous emmène dans la vallée de la Tinée, à la découverte du village de Clans et de sa superbe collégiale Sainte-Marie. Bonne visite !

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Collégiale Sainte Marie de Clans

Entouré d'une immense forêt et perché à 700 mètres d'altitude, le village de Clans est situé dans les Alpes-Maritimes, à 50 km de Nice, dans la vallée de la Tinée. 

Le peuplement de la région est très ancien, avec des vestiges datant de l'âge de bronze et de l'occupation romaine. Le choix du site peut s'expliquer par la position de promontoire de Clans, alliée à des terres cultivables. La première mention de la localité sous le nom de Clansis date de 1066. 

De nombreuses chapelles ont été construites dans et aux alentours du village. De son passé féodal, Clans a conservé la maison de style renaissance dite de "la Reine Jeanne", qui fut notamment un important relais commercial sur la route du sel. Un collège y a été institué en 1137 par le pape Innocent II. Unique dans le diocèse de Nice, il accueillait jadis un collège de chanoines qui y officiait, et dont on suppose qu'ils suivaient la règle de Saint Augustin. 

Saint Augustin était un philosophe et théologien chrétien important de l'Antiquité tardive, qui a vécu au IVe siècle après Jésus-Christ. La règle de Saint Augustin met l'accent sur l'importance de la communauté, de la prière, de la pauvreté, de la chasteté et de l'obéissance. Elle insiste sur l'importance de la prière et de la vie communautaire, mais laisse également une grande place à l'activité apostolique, c'est-à-dire à l'engagement dans le monde pour aider les autres, elle met l'accent sur la pauvreté et la simplicité de la vie, et encourage les religieux à partager leurs biens, à ne pas accumuler de richesses et à vivre modestement. 

Sainte Marie di Clansio existait déjà en 1066 ; il n'en reste que l'abside et la partie inférieure du clocher. 

Par des portes à gauche du Chœur on accède à de splendides fresques murales médiévales d'inspiration byzantine, avec un très curieux bestiaire dont un éléphant, qui ont été transformées en scènes de chasse au XVème siècle par des repeints. On découvre un chevalier monté sur son destrier qui porte un haubert de maille. Ce haubert était une armure de corps composée de petits anneaux en métal entrelacés traditionnellement portée par les chevaliers et les soldats médiévaux pour les protéger des coups de glaive, de hache, de lance et de flèches lors des combats.

On distingue également un seigneur en vêtements de cour avec son palefroi (cheval spécialement entraîné pour le voyage et les loisirs) et un manant rabattant le gibier. Dans une pièce adjacente, on découvre des peintures murales d'inspiration byzantine datant probablement du XIIIème siècle, représentant, entre autres, deux épisodes de la vie de Saint Pierre qui évoquent le début et le terme de son apostolat. 

La petite église d'art roman a été agrandie au fil des siècles. À partir de 1681, elle a été baroquisée et six autels latéraux ont été construits avec un maître-autel terminé à la Révolution. La sacristie a été achevée en 1774 et la collégiale a été consacrée en 1784.

Elle a été classée aux Monuments Historiques en 2000. Elle renferme de nombreux trésors, tels que du mobilier liturgique, des retables et des peintures murales. Certains sont conservés dans le petit musée de la sacristie, où vous pourrez découvrir des retables, des reliquaires, des psautiers et des vêtements liturgiques. À l'intérieur est exposée une grande cloche datant de 1582 qui aurait été fendue par la foudre après avoir frappé le clocher au début du XXème siècle, ainsi que deux bénitiers en pierre noire du XVIème siècle. Un splendide orgue fabriqué par les frères Grinda et construit en 1791 est installé sur la tribune. Il s'agit d'un petit instrument de huit jeux sur un seul clavier, sans pédalier. Il a été restauré en 1982 dans l'état historique de l’orgue ; c'est une restauration exemplaire d'un des rares témoins de la facture française des frères Grinda dans le comté de Nice, où la facture italienne était très présente.

Parmi les tableaux, vous pourrez admirer le retable du Rosaire peint par Jean Rocca, qui est une huile sur toile insérée dans un retable en bois sculpté polychrome daté de 1746. Une longue dédicace donne le nom des prieurs de la confrérie qui ont passé la commande de l'œuvre. Vous découvrirez également le splendide triptyque de la Vierge peint vers 1520, qui est une détrempe sur bois polychrome avec Saint Pancrace et un Saint Évêque qui encadrent une niche abritant une statue de la Vierge sculptée au XVIIème siècle. Autre pièce maîtresse, le Retable du Maître-autel en stucs avec une date de 1572 sur une inscription du portail, avec des embellissements qui se sont succédés au fil du temps, en 1684 et 1702.

Une fois la visite de la collégiale terminée, je vous invite à découvrir la chapelle Saint Jean, décorée par le peintre Patrick Moya, qui a retracé la vie de Saint Jean-Baptiste. Ensuite, rendez-vous à la chapelle Saint Antoine l'Ermite, où vous pourrez contempler les fresques de la vie du Saint d'après le récit d'Athanase d'Alexandrie. 

Pour terminer la visite, vous pourrez aller découvrir l'ancien moulin à huile communal qui a été réhabilité par l'Association pour le développement de l'oléiculture dans la Tinée. Je tiens à remercier Monsieur Jacques Joncour, Délégué départemental adjoint de la Fondation du Patrimoine des Alpes-Maritimes, qui m'accompagne dans mes pérégrinations et m'aide à documenter mes recherches ainsi que Madame Louise Rapuc, adjointe au Maire, qui m'a fait découvrir son village. 

Bonne découverte !

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