Les escapades de Jean-Pierre / L'église Paroissiale de Saint-Étienne-de-Tinée
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C'est un petit village, niché dans la vallée de la Tinée et célèbre pour son patrimoine architectural que nous fait visiter Jean-Pierre pour cette chronique du mois de novembre. Partons à la découverte du village de Saint-Étienne-de-Tinée et de sa magnifique église.
Niché dans la vallée de la Tinée, Saint-Étienne-de-Tinée est un petit village avec des origines très anciennes. Il doit son nom à la présence d'un prieuré bénédictin installé sur les ruines d'un village ligure. Il est mentionné pour la première fois dans une charte datée de 1066 ce qui permet d'affirmer qu'un village du nom de Sancti Stephani Tiniensi a bien existé. C’est au XVIIème siècle que le village prend le nom actuel.
En 1594, pendant les guerres de religion, les troupes de Lesdiguières, assiégées par le baron Grimaldi de Beuil, se réfugient dans l'église qui sera incendiée, mettant le feu à l'ensemble du village. Après cet incendie dévastateur les villageois ont travaillé collectivement à la reconstruction du village et de l'église.
Le village est également célèbre pour son patrimoine architectural avec l’église consacrée à Saint-Étienne et son clocher lombard datant de 1492. A sa base, on distingue de façon peu visible un écusson avec une fleur de lys. C’est le lys de France qui était entré dans les armoiries de Provence au temps de la Maison d'Anjou. A l’origine, lors de sa construction, le clocher ne comportait pas la flèche octogonale qui le surmonte aujourd'hui. Il avait l'aspect d'un donjon et faisait partie du système de défense du village. Avec ses motifs et sculptures il servait aussi de point de repère pour les villageois qui travaillaient dans les montagnes. Il symbolisait la foi et la protection.
Saint Étienne fait référence à de nombreux saints ou bienheureux de l'Église, dont Étienne le premier martyr qui est le plus connu. Il est l'un des sept premiers diacres cité dans les Actes des Apôtres. Sa mort par lapidation est racontée avec un détail poignant : il pardonne à ses bourreaux en disant, comme Jésus sur la croix, "Seigneur, ne leur impute pas ce péché."
Étienne est le saint patron des tailleurs de pierre, probablement en raison de sa mort par lapidation. Dans l’art chrétien, il est souvent représenté avec des pierres posées sur la tête ou dans les mains pour rappeler son supplice.
L'intérieur de l’église abrite des fresques et des retables, souvent exécutés par des artisans locaux, qui témoignent de la richesse artistique de la région au cours des siècles.
L'église actuelle a été construite entre 1785 et 1789 sous la direction de l'architecte Antonio Spinelli. Elle présente une façade baroque divisée en deux étages, ornée de pilastres doriques et ioniques, et surmontée d'un fronton triangulaire. L'intérieur adopte une voute en croix grecque, une caractéristique plutôt rare pour une église de cette époque dans les Alpes-Maritimes avec une vaste travée centrale couverte d'une calotte décorée par une représentation de l'Assomption.
Le chœur est de style gothique, c’est un reste de l’ancienne église, et date du XIVème siècle. Il comporte une voute exceptionnelle, rare dans le Comté de Nice. Le maître-autel en bois sculpté, polychrome ou doré témoigne de l'attachement des vallées niçoises au mobilier baroque jusqu'au début du XIXe siècle. Le retable présente une peinture centrale de Saint Étienne, représenté en diacre avec les attributs de son martyre, les pierres et le livre des Évangiles. Les colonnes torsadées encadrant la scène sont ornées de motifs végétaux et d'angelots.
Certains tableaux, bien que modestes, montrent une maîtrise du clair-obscur, donnant une intensité et une profondeur spirituelle.
La Vierge Marie tient une place importante également. Dans de nombreuses églises provençales et de l'arrière-pays niçois, les statues de la Vierge sont particulièrement vénérées.
Situé dans une chapelle latérale, un tableau du XVIIᵉ siècle illustre la scène de l'Annonciation avec une grande finesse. La Vierge Marie y est représentée recevant l'annonce de l'archange Gabriel, entourée d'une lumière céleste.
Un autre tableau datant du XVIIIᵉ siècle montre la Vierge tenant l'Enfant Jésus entourée de saints locaux. Les couleurs vives et les détails des expressions faciales témoignent de la maîtrise de l'artiste, bien que son nom reste inconnu. Marie est représentée avec une expression douce et protectrice, symbolisant son rôle de mère et d’intercesseur.
Le tableau de Saint Jérôme au désert est également présent, et vient juste de faire l’objet d’une restauration.
Un tableau représentant le Massacre des innocents est aussi présent. Il date de la fin du XVIIème siècle. C’est une huile sur toile provenant sans doute d’un maître italien, avec une influence très napolitaine.
L'Église abrite également un orgue construit en 1829 par les frères Agati, facteurs d'orgues toscans. Cet instrument a été restauré en 1997 par le facteur Barthélemy Formentelli, retrouvant ainsi son état d'origine. Sa restauration minutieuse a permis de conserver ses caractéristiques originales, et il continue de jouer un rôle essentiel lors des cérémonies et concerts.
On peut également admirer des statues de bois polychrome ou de plâtre, finement sculptées et peintes. La statue en bois polychrome de Saint Etienne datant du XVIIIᵉ siècle est représentée à la droite du maître-autel. Celle de Saint François de Salles se trouve à gauche.
Le mobilier liturgique, comme le siège du prêtre, les bancs en bois massif et l'ambon, porte également la marque du style baroque, avec des sculptures et des ornements typiques de l'époque.
L’Église abrite aussi un musée d'Art Religieux.
Parmi les objets de culte, l’église possède des calices, des ciboires, des chandeliers et d’autres objets liturgiques en argent ou en cuivre doré. Ces pièces, souvent d’une grande finesse, sont ornées de motifs floraux, de croix ou de symboles religieux comme l’agneau, le poisson ou le pain et le vin. Les artisans locaux avaient pour habitude de réaliser des objets de grande qualité, même pour des églises modestes, et ces objets ont souvent traversé les siècles, conservant leur éclat d’origine.
La découverte du village de Saint Etienne de Tinée et de l’Église Paroissiale a pu être effectuée avec l’aide de Mesdames Christiane Mattei et Faure Micheline de que je remercie chaleureusement pour leur aide.
Bonne découverte !