Publié le 23 février 2023

Les escapades de Jean-Pierre / L'église Saint-Jean-Baptiste

L'ami Jean-Pierre nous emmène découvrir l'église Saint-Jean-Baptiste à Villars-sur-Var, avec ses retables, son orgue à cylindre, ses fresques... et son magnifique village médiéval.

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Église Saint-Jean-Baptiste de Villars sur Var

L’Église Saint Jean-Baptiste est située dans le petit village de Villars sur Var à mi-chemin entre mer et montagne, à 432 mètres d’altitude et à une cinquantaine de kilomètres de Nice. 

Vers l’an mil les templiers développèrent le très ancien vignoble et la culture du blé. La première apparition du village date du Xième siècle. Il fut rattaché du comté de Nice à la maison de Savoie en 1388 lorsque Jean Grimaldi, baron de Beuil en devint le seigneur. Il y fit construire la demeure seigneuriale qui devint la résidence favorite de cette famille sur les ruines du château détruit par Amédée VIII, duc de Savoie suite à la trahison d’Annibal Grimaldi. 

En 1860, entraînés par leur député Léotardi, inventeur des facteurs ruraux, les habitants votent à l’unanimité pour leur rattachement à la France. 

La commune compte de nombreux édifices religieux avec huit chapelles, dont la plus remarquable est la chapelle Saint-Jean extrêmement attrayante à une heure de marche du village, en pleine nature. Il est possible qu’elle soit la première église paroissiale du village.

L’Église Saint Jean-Baptiste a été construite dans les années 1520 dans un style gothique puis restaurée dans un style baroque au XVIIème siècle sans être trop affecté par ce style. Des fresques en trompe-l’œil et des arabesques de style gothique ont été peintes par Luigi Adami, peintre tessinois.

Elle a sans doute été bâtie sur l’emplacement d’un édifice beaucoup plus modeste. Son clocher de style romano-gothique a été reconstruit en 1766 comme attesté par une pierre d’angle qui porte cette date, avec un campanile quadrangulaire avec un toit en pierre qui comprend douze pierres saillantes visibles sur chaque côté du sommet pyramidal, de façon très énigmatique pour les historiens, ce chiffre rappelant les douze apôtres. En 1980 son intérieur a été entièrement rénové. Elle a été inscrite aux monuments historiques en 1983.

Elle présente une nef unique de trois travées avec un chœur à chevet plat décoré par un polyptique composé de sept panneaux de Saint-Jean-Baptiste daté de 1524 commandé par le baron Honoré 1er de Beuil, sa réalisation étant attribuée à l’artiste Antoine Ronzen. Il proviendrait de la chapelle du château et aurait été transféré au-dessus du maître-autel. 

A gauche du chevet se trouve le retable de l’Annonciation, huile sur bois, réalisé autour de 1515 et découvert dans l’ancienne chapelle des Pénitents Blancs avec dans ses parties supérieures les scènes de La Déposition, de La Nativité, et de la Fuite en Égypte. Il a été classé au titre des monuments historiques.

Vous pourrez admirer un retable où figure le duc de Savoie réalisé à l’occasion de la visite du souverain en 1689, une statue de Saint-Jean-Baptiste datant de 1524 réalisée par Mathieu d’Anvers, artiste flamand qui séjourna dans la vallée. C’est une effigie en bois polychrome de 1,40 mètres de hauteur tenant un agneau qu’il bénit. Tous les 24 juin elle est promenée dans les rues de Villars en procession. 

Un orgue à cylindre datant du début du XIXème siècle a fait l’objet d’une restauration, œuvre du facteur d’orgues André Nicolas Lété. C’est le plus ancien instrument mécanique connu de ce type actuellement conservé dans une église en France. 

Enfin, vous pourrez admirer le retable de Saint-Claude commandé en 1689 par les habitants du village qui voulaient manifester l’étendue de leur foi et s’attirer les faveurs de Victor Amédée II de Savoie à l’occasion de sa visite aux frontières. 

Une fois achevée la visite de cette Église et des nombreux autres édifices religieux du village, je vous invite à déguster les vins du vignoble du Quartier de Lunel dont la création remonte à l’occupation romaine, et l’un des plus ancien de France. Ce vignoble a ensuite été développé par les Templiers. Ces vins sont les seuls à bénéficier de l’Appellation d’Origine Contrôlée Côtes de Provence dans le moyen pays des Alpes Maritimes.  

Dans le village vous découvrirez un très intéressant témoignage du passé industrieux avec un moulin à huile en état de marche et ouvert à la visite après avoir été restauré, les vestiges d’un moulin à farine et son bassin réservoir, et un lavoir couvert construit en 1892 décoré par l’illustrateur et auteur de bande dessinée Edmond Baudoin, natif de Villars-sur-Var. 

Dans le village se trouve une fenêtre qui est un des éléments conservés de la maison des Templiers appelée « La Castre » avec un corbeau ouvragé sur la façade, un escalier intérieur et un souterrain servant de silo à blé. A l’arrière figure un linteau décoré d’une étoile à six branches portant la date de 1586. 

Unique dans le département mais assez répandu dans le val d’Aoste a été construite une allée dite « des Grimaldi » comportant deux rangées de trente colonnes autrefois réunies par des poutres pour que la vigne y forme une pergola et aboutit à une terrasse en belvédère. . Elle fut construite par Jean Grimaldi, cousin des seigneurs de Monaco. Elle est cachée derrière un mur contigu au cimetière derrière l’Église paroissiale. 

Vous pourrez également aller découvrir le pont médiéval Sainte-Pétronille cité par Nostradamus en 1614, visible sur un plan de 1662, et qui est le plus ancien passage permettant de franchir le Var. 

Pour terminer, je tiens à remercier Monsieur Jacques Joncour Délégué départemental adjoint de la Fondation du Patrimoine des Alpes-Maritimes qui m’accompagne dans mes pérégrinations et qui m’aide à me documenter et Madame Carole Borrelli, 1ère adjointe du Maire et passionnée par l’histoire de son village qui m’a fait découvrir cette magnifique Église. Je ne peux que vous inviter à aller la visiter en espérant que la lecture de cette chronique vous en donnera l’envie. 

Bonne découverte.

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