Publié le 27 avril 2024

Les escapades de Jean-Pierre / Les Pénitents Noirs de Nice et la chapelle de la Miséricorde

Suite des visites de Confréries de Pénitents à Nice. Aujourd'hui, Jean-Pierre s'intéresse aux Pénitents Noirs et à la chapelle de la Miséricorde qui représente sans doute le chef-d'œuvre du baroque niçois.
 

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La ville de Nice figure parmi les villes en France qui connaît le plus grand nombre de confréries de Pénitents qui sont des associations de laïcs.

La première apparue à Nice fut celle des Pénitents Blancs en 1306, elle se dota d’une mission d’assistance aux malades et aux déshérités.

Viendra ensuite la création en 1329 l’Archiconfrérie de la Miséricorde avec les Pénitents Noirs lors de la grande épidémie de Choléra. Ils se dédièrent longtemps à l’accompagnement des condamnés à mort puis à la gestion du seul système de crédit à l’époque à travers un mont-de-piété qui s’appelait l’Aumône de la Miséricorde et qui pouvait aider les gens qui avaient des difficultés financières. Après l’annexion de notre pays par la France il se transforma en 1861 en Bureau de Bienfaisance qui est depuis devenu le Centre Communal d ‘Action Sociale de la Ville de Nice mais qui n’est plus géré par les pénitents. Aujourd’hui les Pénitents Noirs aident les familles en deuil à l’athanée de la Ville.

Apparut ensuite l’Archiconfrérie du Très Saint Sépulcre avec les Pénitents Bleus en 1431 qui s’occupent aujourd’hui principalement de catéchèse, et enfin, l’Archiconfrérie de la Très Sainte Trinité avec les Pénitents Rouges qui se définissent comme les gardiens de la mémoire du Saint Suaire qui a été conservé à Nice pendant 7 ans au 16ème siècle.

C’est en se fondant sur ces critères d’ancienneté que l’Évêque de Nice a fixé l’ordre dans lequel les confréries apparaissent dans les processions depuis 1595.

Chaque confrérie se distingue des autres par la couleur du vêtement porté par ses membres. La tenue, identique pour tous, et portée seulement par les hommes, gomme le statut social et fait en sorte que l’individu, en signe d’humilité, s’efface au bénéfice de l’action commune. Elle est composée de trois parties, chacune ayant un sens symbolique. La cappa ou sac, la cagoule et la corde. La cagoule, qui n’est plus portée depuis le siècle dernier, représente un symbole d’humilité devant Dieu, le pêcheur cachant ses traits. La corde est le symbole de l’obéissance aux commandements de Dieu et de sa sanction.

Les femmes, lors des messes solennelles et des processions, sont vêtues de noir et portent une mantille et une croix avec un ruban noir.

Les Pénitents Noirs achetèrent en 1827 la chapelle Saint-Gaëtan, confisquée par les révolutionnaires en 1792 à l’ordre des Théatins. Les Théatins est un ordre religieux de droit pontifical constitué de clercs réguliers. Leur nom provient de la ville de Theate où il a été fondé qui est une ville italienne dans la région des Abruzzes. L’ordre fut fondé à Rome en 1524 par saint Gaétan de Thiène et Pietro Carafa, évêque de Theate et futur pape Paul IV, pour une meilleure formation du clergé. Les membres étaient soigneusement sélectionnés pour leurs qualités intellectuelles et beaucoup d'entre eux sont par la suite devenus évêques.

Les Pénitents restaurèrent la chapelle qui fut enrichie d’un luxueux décors en 1876. Elle prit alors le nom de chapelle de la Miséricorde. Elle est considérée comme un véritable chef d’œuvre de l’art baroque et l'une des plus belles chapelles baroques de Nice et de France et classée aux Monuments historiques depuis 1921.

Construite sur un terrain minuscule, il fallait donner une impression de grandeur. Le plan de l’édifice a été conçu pour qu’il y ait un minimum de lignes droites. Tout est en trompe l’œil, elle est constituée d’un ovale à quatre chapelles latérales disposées sur une croix de Saint-André, avec un choeur ovale et un sanctuaire rectangulaire. La croix de Saint André est une croix dont la forme est à rapprocher de celles d'une lettre X ; son nom provient de la disposition de la croix qui aurait été utilisée, selon la tradition chrétienne, pour supplicier Saint André, l'un des douze apôtres de Jésus.

La chapelle a été intégrée au-dessous du couvent des Théatins, les oculi marquant la séparation entre la chapelle et le couvent ; on peut observer que les oculi latéraux placés de biais, favorisent la pénétration de la lumière dans la nef.

La voûte est toute entière consacrée à la Vierge l’édifice étant placé sous la protection de la Madone de Miséricorde. Les voûtes ornant l'ouverture des chapelles sur la fresque centrale portent des symboles qui se réfèrent à la présence de Dieu à travers la Vierge. Autour de la fresque centrale, des angelots arborent ses symboles et des anges des phrases des Écritures qui évoquent la réponse de Marie à l'ange de l'Annonciation. Au centre figure la Gloire de la Vierge Marie, symbolisée par l'entrelacement des deux M pour Mater Misericordiae.

Quatre chapelles ont été construites :

  •  La chapelle de Saint Philippe-Neri qui est le fondateur des Oratoriens, ordre créé presqu'en même temps que les Théatins, et avec la même vocation missionnaire et le tableau qui le représente. Il est aussi le fondateur à Rome de l'archiconfrérie de la Très-Sainte-Trinité et protecteur à Nice des Pénitents rouges.
  • La chapelle de Saint Jean-Baptiste qui est un des patrons de la confrérie avec le tableau qui le représente.
  • La chapelle Saint Gaëtan, un des fondateurs des Théatins.
  • La chapelle de Saint Augustin.

Dans le choeur on trouve le maître-autel orné en son centre du pélican, qui est le symbole de la charité l'art chrétien ayant fait du pélican le symbole du Christ qui se sacrifie pour la rédemption des pécheurs. On peut admirer deux tableaux, la Dormition de la Vierge et celui de la Nativité de Jésus.

Dans la sacristie on peut découvrir deux chefs d’œuvre de la peinture niçoise avec la Vierge de la Miséricorde datant de 1429 et peinte par Jean Mirailhet qui est le seul tableau connu de ce peintre et le même sujet peint par Louis Bréa vers 1515 avec une Vierge au grand manteau qui protège le peuple des chrétiens des atteintes du mal.

La découverte de cette magnifique chapelle a pu être effectuée avec l’aide de Jacques Joncourt, délégué départemental adjoint de la Fondation du Patrimoine, et de Madame Anne de Bottini, Prieur, et Madame Monique de Bottini, Dame de la Miséricorde.

Bonne découverte !
 

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